Interview de Christophe Lèguevaques, avocat au barreau de Paris, créateur de la plateforme d’actions collectives mysmartcab.fr .mysmartcab.fr (18 septembre 2018)
On vous connait pour représenter plus de 4.000 malades dans le dossier LEVOTHYROX. Vous êtes saisi aujourd’hui du dossier ANDROCUR mais vous expliquez que ces deux dossiers sont différents ?
Dans le dossier LÉVOTHYROX, ce sont plus de 2,6 millions de malades qui ont placé devant le fait accompli un changement de molécule sans être prévenu. Sauf pour les cas graves qui font l’objet d’une procédure spécifique, les dommages subis sont avant tout moraux (défaut d’information, préjudice d’anxiété, dénigrement des malades).
Dans le dossier ANDROCUR, le nombre des malades est moins importants mais les dommages corporels constatés sont plus graves. Dans son étude d’août 2018, l’ANSM reconnaît que « le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement ». Même si les tumeurs sont bénignes, les séquelles sont handicapantes. Une indemnisation des différents postes de préjudice corporel nous semble possible.
Si une action collective conjointe n’est pas possible que proposez-vous ?
En effet, une action de masse nous semble pour le moment déplacée. Car pour chaque malade, il convient de déterminer les préjudices subis et de démontrer le lien de causalité entre ces préjudices et la prise de l’ANDROCUR. Cela suppose des expertises médicales indépendantes, ordonnées par le juge. Une fois ces expertises terminées, les malades peuvent obtenir réparation de leurs préjudices corporels. C’est la phase que j’appellerai « individuelle ».
Ensuite, on peut envisager une phase plus « collective » en réunissant les dossiers et en démontrant que BAYER connaissait le risque pris. De même, la multiplication des dossiers permettra de mettre en cause l’ANSM et/ou les différents ministères de la santé qui ont laissé faire depuis si longtemps.
Avez-vous des dossiers en cours ?
Nous avons été contactés par des malades. Nous nous situons dans la phase d’étude des dossiers, car nous n’avons pas l’habitude de lancer des procédures, simplement pour occuper la scène médiatique. L’important c’est l’écoute et l’accompagnement des malades qui se sentent trahis par le système de santé. Ils (les malades) ne comprennent pas comment, depuis 2009, le laboratoire et les autorités sanitaires ont pu laisser ce risque prospérer. Ils s’interrogent également sur le degré de formation et d’informations des médecins : certains savaient, d’autre pas.