« Il n'est point de secret que le temps ne révèle »
Jean Racine, Britannicus, 1669, acte IV, scène 4
Jean Racine, Britannicus, 1669, acte IV, scène 4
La lecture de l’article du Monde consacré à l’étude scientifique approfondie menée par une équipe internationale apporte déjà son lot de satisfaction
- « Ni hystérie collective, ni complotisme des patients, ni « effet nocebo » géant. Deux ans après les premiers signalements d’effets indésirables attribués à la nouvelle formule du Levothyrox, des travaux franco-britanniques, publiés jeudi 4 avril dans la revue Clinical Pharmacokinetics, objectivent pour la première fois les plaintes déclarées par plusieurs dizaines de milliers de malades de la thyroïde ».
- « Ces résultats seront difficilement réfutables par le laboratoire et les autorités de santé ».
- « Ces résultats sont fondés sur une réanalyse des données fournies par le laboratoire lui-même à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Au passage, la crédibilité de l’agence en sort écornée : en creux, les travaux montrent que l’ANSM n’a pas procédé à une analyse indépendante des données fournies par Merck à l’appui du changement de formule : elle s’est entièrement reposée sur l’interprétation qu’en a faite la firme ».
Les deux formulations du médicament commercialisé par Merck ne sont pas substituables pour chaque individu :
Mais, la lecture intégrale de l’article d’origine en anglais est encore plus riche d’enseignements
« Avant de lancer cette nouvelle formulation, un essai de bioéquivalence moyen, basé sur les recommandations recommandées par l'Union européenne, avait été réalisé. La justification implicite était l'hypothèse que les deux produits, étant bioéquivalents, seraient également commutables, ce qui permettrait de remplacer le nouveau médicament par l'ancien, ce qui éviterait la nécessité d'un étalonnage individuel du schéma posologique de la thyroxine, en utilisant le niveau de THS.
Mais par la magie d’un calcul de moyenne, cette réalité a été gommée pour mettre en évidence une bioéquivalence théorique qui ne correspondait pas à une bioéquivalence individuelle.
Cette situation appelle les commentaires suivants :
- Compte tenu de ce rapport scientifique, un accompagnement personnalisé et une information adaptée aurait dû être émise en direction des malades et du personnel médical. Ce rapport sera très utile dans le cadre de la procédure d’appel qui réunit, à ce jour, plus de 3000 participants.
- Cela démontre à ceux qui en douterait encore l’utilité des analyses scientifiques contre celles présentées par des laboratoires : face à une science aux ordres de l’industrie, rien ne remplace une science indépendante au service de l’intérêt général et de la santé.
- Il faut tirer toutes les conséquences de la dépendance intellectuelle de l’ANSM qui reprend servilement les arguments de langage fournis par les laboratoires. Cela suppose un renforcement des pouvoirs d’enquête et d’analyse aussi loin que possible de l’influence néfaste des scientifiques mercenaires.
- Plus que jamais, les malades attendent les excuses de Dominique Martin (directeur général de l’ANSM), Agnès Buzyn et surtout de Thierry Hulot (PDG de Merck France) pour les mois de mépris et de dénigrement dont ils ont l’objet depuis le début de cette crise sanitaire majeure.