Ce fut une audience mémorable.
16 prévenus étaient poursuivis par le parquet pour avoir envahi les voies de chemin de fer à la gare Matabiau (octobre 2018) et/ou le tarmac de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (novembre 2018).
Rappelez-vous, à l'époque, dans l'indifférence ou presque, le gouvernement venait de faire adopter une loi inique, la loi ELAN, qui était une immense régression revenant sur les maigres acquis de la loi de 2005, voire de 1975.
Sans heurt ni violence mais avec trompettes (médiatiques) et bonne humeur, les prévenus avaient essayé de prévenir l'opinion et de sensibiliser les pouvoirs publics sur la réalité du confinement permanent qu'ils vivent au quotidien.
Pensez donc, ils avaient osé l'inacceptable. Ils étaient sortis de leurs domiciles. Ils s'étaient montrés. Ils avaient revendiqué haut et fort, leur statut de citoyens de plein exercice.
S'en était trop. Il fallait les faire rentrer dans le rang, les faire disparaitre de nos écrans et continuer à faire comme s'ils n'existaient pas.
Mais, ils sont là et bien là.
Loin de la position de victimes dans laquelle on tente, parfois, de les enfermer.
Ils sont là et bien là.
Combattifs.
Revendicatifs.
Ils luttent pour leurs droit, pour la justice.
Comment ne pas être présents à leur coté ?
je suis fier d'avoir été avec eux au cours de cette longue audience qui a terminé à 22h00.
Avec Jean-Marc Denjean, David Nabet et Arié Alimi, je suis fier d'avoir été un de leurs avocats, un de leurs porte paroles.
J'entends encore Jean-Marc s'étonnait que des sociétés puissantes (Air France, Airbus, SNCF et aéroport de Toulouse) osent se présenter à l'audience pour venir chercher quelques sous, sans une once d'humanité.
J'entends encore David mu par une saine colère rappeler les principes fondamentaux de notre droit à un tribunal qui n'avait pas pris la mesure de cette affaire et les difficultés réelles et pratiques rencontrées par les prévenus.
J'entends encore la voix chaude, tonitruante, pleine d'empathie et d'humanité, une grande et belle voix d'avocat, d'Arié qui a lu à l'audience le témoignage de Bédria. Bédria qui a du mal à s'exprimer sans interprête. Interprête que le tribunal n'avait pas prévu alors que la situation de Bédria est connue depuis 2019 (foi d'un mail du greffe en ce sens !). Arié a lu et raconté la vie difficile de Bédria.
Et alors vers 21h43, l'humanité tout entière s'est engouffrée dans le tribunal.
Ce ne sont pas des personnes handicapées que l'on jugeait. Ce sont des hommes et des femmes, des citoyennes et des citoyens qui affrontaient la justice et toute notre société, leur renvoyant le cruel miroir de la vérité.
Et moi, modestement, je peux écrire. J'étais présent. J'étais avec eux.
je veux rester sur ce sentiment farouche de liberté, je n'oublie pas la pantalonnade qui a suivi. Lorsque l'audience terminée, les prévenus ont été abandonnés à leur triste sort avec l'impossibilité de rentrer chez eux, faute de moyen de transport adapté, faute d'auxiliaire de vie pour les aider dans les gestes de tous les jours.
Il a fallu que le procureur de la République et le président du Tribunal judiciaire se déplacent en personne et viennent à pas d'heure sur site pour trouver un début de solution. Je dois à la vérité de rendre hommage à Jean-Michel Lattes, patron de TISSEO, qui a su mobiliser les équipes pour que des minibus équipés viennent chercher les prévenus à partir de minuit.
je laisse aux autres témoins et en premier lieu, aux journalistes, le soin de vous raconter.
Mais vous devez retenir une seule chose : hier, ce n'est pas le procès de personnes en situation de handicap qui avaient bravé des interdits, mais le procès d'une société qui ne sait pas mettre en cohérence son discours et ses actes. L'accessibilité est un principe fondamental. Il nous appartient de donner chair à ces mots pompeux pour que les personnes en situation de handicap soient enfin reconnus pour ce qu'ils sont, des êtres humains égaux en dignité et en droit.
16 prévenus étaient poursuivis par le parquet pour avoir envahi les voies de chemin de fer à la gare Matabiau (octobre 2018) et/ou le tarmac de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (novembre 2018).
Rappelez-vous, à l'époque, dans l'indifférence ou presque, le gouvernement venait de faire adopter une loi inique, la loi ELAN, qui était une immense régression revenant sur les maigres acquis de la loi de 2005, voire de 1975.
Sans heurt ni violence mais avec trompettes (médiatiques) et bonne humeur, les prévenus avaient essayé de prévenir l'opinion et de sensibiliser les pouvoirs publics sur la réalité du confinement permanent qu'ils vivent au quotidien.
Pensez donc, ils avaient osé l'inacceptable. Ils étaient sortis de leurs domiciles. Ils s'étaient montrés. Ils avaient revendiqué haut et fort, leur statut de citoyens de plein exercice.
S'en était trop. Il fallait les faire rentrer dans le rang, les faire disparaitre de nos écrans et continuer à faire comme s'ils n'existaient pas.
Mais, ils sont là et bien là.
Loin de la position de victimes dans laquelle on tente, parfois, de les enfermer.
Ils sont là et bien là.
Combattifs.
Revendicatifs.
Ils luttent pour leurs droit, pour la justice.
Comment ne pas être présents à leur coté ?
je suis fier d'avoir été avec eux au cours de cette longue audience qui a terminé à 22h00.
Avec Jean-Marc Denjean, David Nabet et Arié Alimi, je suis fier d'avoir été un de leurs avocats, un de leurs porte paroles.
J'entends encore Jean-Marc s'étonnait que des sociétés puissantes (Air France, Airbus, SNCF et aéroport de Toulouse) osent se présenter à l'audience pour venir chercher quelques sous, sans une once d'humanité.
J'entends encore David mu par une saine colère rappeler les principes fondamentaux de notre droit à un tribunal qui n'avait pas pris la mesure de cette affaire et les difficultés réelles et pratiques rencontrées par les prévenus.
J'entends encore la voix chaude, tonitruante, pleine d'empathie et d'humanité, une grande et belle voix d'avocat, d'Arié qui a lu à l'audience le témoignage de Bédria. Bédria qui a du mal à s'exprimer sans interprête. Interprête que le tribunal n'avait pas prévu alors que la situation de Bédria est connue depuis 2019 (foi d'un mail du greffe en ce sens !). Arié a lu et raconté la vie difficile de Bédria.
Et alors vers 21h43, l'humanité tout entière s'est engouffrée dans le tribunal.
Ce ne sont pas des personnes handicapées que l'on jugeait. Ce sont des hommes et des femmes, des citoyennes et des citoyens qui affrontaient la justice et toute notre société, leur renvoyant le cruel miroir de la vérité.
Et moi, modestement, je peux écrire. J'étais présent. J'étais avec eux.
je veux rester sur ce sentiment farouche de liberté, je n'oublie pas la pantalonnade qui a suivi. Lorsque l'audience terminée, les prévenus ont été abandonnés à leur triste sort avec l'impossibilité de rentrer chez eux, faute de moyen de transport adapté, faute d'auxiliaire de vie pour les aider dans les gestes de tous les jours.
Il a fallu que le procureur de la République et le président du Tribunal judiciaire se déplacent en personne et viennent à pas d'heure sur site pour trouver un début de solution. Je dois à la vérité de rendre hommage à Jean-Michel Lattes, patron de TISSEO, qui a su mobiliser les équipes pour que des minibus équipés viennent chercher les prévenus à partir de minuit.
je laisse aux autres témoins et en premier lieu, aux journalistes, le soin de vous raconter.
Mais vous devez retenir une seule chose : hier, ce n'est pas le procès de personnes en situation de handicap qui avaient bravé des interdits, mais le procès d'une société qui ne sait pas mettre en cohérence son discours et ses actes. L'accessibilité est un principe fondamental. Il nous appartient de donner chair à ces mots pompeux pour que les personnes en situation de handicap soient enfin reconnus pour ce qu'ils sont, des êtres humains égaux en dignité et en droit.