Collection Bibliothèque des Sciences humaines, Gallimard
L'Avocat n'existe pas. Sa figure est multiple. Qu'y a-t-il de commun entre les avocats qui, à l'origine, interviennent dans la défense judiciaire comme dans la haute fonction publique et, dans la mouvance du Parlement et du Roi, participent au développement de l'État moderne et ceux qui qui, à partir du XVIIIe siècle, se gouvernent eux-mêmes, s'engagent dans des luttes tumultueuses contre le pouvoir d'État, font partie des bâtisseurs de la société politique libérale, connaissent, non sans vicissitudes, l'influence et la gloire et forment, sous la IIIe République, une élite dirigeante ? Et comment rattacher les uns et les autres aux avocats qui, à partir du milieu du XXe siècle, reconstruisent la profession autour de l'entreprise et n'ignorent plus la grande firme juridique, la concurrence exacerbée et l'accumulation de la richesse ? En fait, les changements du métier, du marché, du pouvoir, de la confraternité, de l'action dans la cité qui ponctuent ces sept siècles manifestent la présence de trois figures de la profession dominées respectivement par les logiques de l'État, du public et du marché.